Harmoniser les données pour mieux connaître l'exposition réelle des européens aux substances chimiques

Environnement et Énergie - Actualité Scientifique - Publiée le mardi 27 septembre 2022

La première initiative européenne de grande envergure dont l’objectif est d’harmoniser les mesures d’exposition de tous les citoyens européens aux substances chimiques s’intitule le projet HBM4EU. Ce projet permet d’évaluer les conséquences de l’exposition des substances chimiques sur la santé. Entré en vigueur le 1er janvier 2017, il s'est terminé par une réunion de clôture fin juin 2022. Bilan des contributions de l'Anses, qui ont permis de prioriser les substances à étudier et de définir des valeurs de référence associées aux risques pour la santé de plusieurs substances.

Le projet HBM4EU (European Human Biomonitoring Initiative - Initiative européenne de biosurveillance humaine) a rassemblé plus de 100 institutions de 28 pays européens. 

L’Agence allemande de l’environnement a cofinancé le programme intitulé « Horizon 2020 » dont l’Anses à participer plusieurs fois.  

HBM4EU a mis l'accent sur les études de biosurveillance humaine (ou biosurveillance), c'est-à-dire les concentrations de substances chimiques internes trouvées dans le sang, l'urine ou les cheveux. 

Cependant, il n’est pas possible de comparer directement les concentrations dans le corps avec des valeurs sanitaires de référence, qui définissent un seuil d’exposition en dessous duquel il n’y a a priori pas de risque pour la santé. Ces seuils sont principalement définis sur la base des concentrations d'exposition extérieures, mesurées par exemple dans les aliments ou dans l'air. Afin de savoir si les différentes concentrations mesurées dans le sang ou dans les urines correspondent à diverses expositions externes dépassant des valeurs sanitaires de références, il faut nécessairement reconstituer l’exposition externe à ces substances. 

Habituellement, les programmes de surveillance biologique sont menés à l'échelle nationale. Les différences méthodologiques ne permettent pas toujours de comparer les données entre pays. Le manque de données de base sur la santé pour un grand nombre de substances complique aussi l'interprétation des résultats observés. Les substances classées par ordre de priorité ont dès lors fait l'objet de travaux visant à harmoniser les méthodes d'évaluation de leur concentration interne. Cela a ensuite permis de définir des valeurs guides internes, c’est-à-dire des concentrations dans le corps, en particulier dans l’urine ou le sang à ne pas dépasser pour ne pas risquer d’effet sur la santé de la population générale et des travailleurs.

A long terme, les valeurs produites par cette recherche pourraient être utilisées pour définir des valeurs applicables dans un cadre réglementaire national et/ou européen.

Pour déterminer ces valeurs guides, il est nécessaire de savoir quoi mesurer. Parfois, la substance proprement dite peut être difficile à mesurer dans un échantillon de sang ou d'urine ou ne pas être pertinente pour la surveillance biologique. En effet, il peut être plus pertinent de chercher des métabolites, c'est-à-dire les composés résultant de la dégradation de la substance dans l'organisme. C'est notamment le cas avec le diméthylformamide (DMF), un solvant industriel. Les scientifiques ont comparé les conclusions d'un certain nombre de publications scientifiques. Ils ont déterminé quels métabolites de la dégradation du DMF étaient mieux corrélés entre leurs concentrations dans l'urine et un effet sur la santé.

Les scientifiques ont aussi établi des valeurs indicatives pour le bisphénol A et le bisphénol S dans la population générale et professionnelle.

Pour certaines substances, leur travail a dépassé la simple détermination d'une valeur d'orientation.Par exemple, ils ont estimé le nombre de personnes en France, en Espagne et en Belgique qui avaient un risque d’ostéoporose du fait d’une exposition élevée au cadmium, mesurée par la concentration en cadmium dans l’urine.

Ces travaux se déroulent dans le cadre du Partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques (PARC).Ce projet, d’une durée de 7 ans a démarré au 1er mai 2022, il est cofinancé par les partenaires et par le programme européen « Horizon Europe », et réunit environ 200 partenaires. Il est coordonné par l'Anses et mobilise plusieurs équipes scientifiques de l'agence, qui travaillent sur différents volets du projet. Son objectif est de poursuivre le développement de nouvelles méthodes pour évaluer les risques associés aux substances chimiques.