Bien-être des animaux : quels critères scientifiques pour construire un étiquetage des produits alimentaires ?

Sécurité des aliments - Actualité Scientifique - Publiée le jeudi 02 mai 2024

Des étiquetages visant à renseigner le consommateur sur le bien-être des animaux élevés pour produire les denrées alimentaires se multiplient en Europe. Cependant les critères retenus varient fortement d’un étiquetage à l’autre. L’Union européenne envisage de créer un étiquetage harmonisé. Dans ce cadre, l’Anses a mené une expertise pour proposer aux acteurs des filières d’élevage une base scientifique sur laquelle pourrait reposer cet étiquetage. Dans ses lignes directrices, l’Agence préconise d’adopter un système à cinq niveaux de bien être, allant du meilleur (A) au plus faible (E). Le niveau E correspond au seul respect des exigences imposées par la législation européenne en matière de bien-être animal, que ce soit pour la vie en élevage, le transport ou l’abattage. Cette classification, facilement compréhensible pour le consommateur, devrait par ailleurs aider les producteurs à améliorer progressivement la prise en compte du bien-être des animaux.

La plupart des labels ou des étiquetages existants sur le bien-être des animaux tiennent compte uniquement des modes d’élevage et des moyens mis en œuvre pour l’améliorer. Les scientifiques du groupe de travail de l’Anses recommandent donc que les indicateurs à évaluer portent en priorité sur l’état de bien-être de l’animal, c’est-à-dire sur la base de mesures réalisées sur l’animal lui-même. Ces exigences sont fondées sur la définition du bien-être animal proposée par l’Anses en 2018 : « Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. »

Par ailleurs, l’évaluation du bien-être des animaux ne doit pas s’arrêter aux animaux producteurs de denrées alimentaires : il doit inclure également les élevages de sélection-multiplication.

Des facteurs pouvant impacter le bien-être d’un animal au cours de chacune des étapes de sa vie ont été identifiés par les experts :  les caractéristiques génétiques, les techniques d’élevage, les pratiques et la formation de l’éleveur, l’hébergement, l’alimentation, les démarches mises en oeuvre pour assurer la bonne santé des animaux, la limitation du recours à des pratiques douloureuses, la reproduction, le transport et l’abattage. Pour chacun, le groupe de travail a proposé un protocole d’évaluation reposant sur des critères scientifiques, associés à des indicateurs mesurables, ainsi que des voies d’amélioration du bien-être des animaux. Par exemple, pour l’alimentation, les critères proposés sont à la fois que l’animal dispose d’une nourriture facilement accessible et adaptée à son espèce et son âge, mais aussi qu’il puisse satisfaire ses besoins comportementaux liés à l’activité alimentaire, comme le broutage pour les ruminants, le fouissage pour les porcs ou encore le picotage et le grattage pour les volailles.

Ce référentiel devra également être accessible et transparent, afin de permettre aux consommateurs d’être informés sur les indicateurs pris en compte pour évaluer le bien-être des animaux et obtenir un score global. Enfin, les experts soulignent que le coût lié à l’amélioration du bien-être des animaux et à son évaluation devrait être pris en charge par l’ensemble des acteurs concernés, au vu des enjeux éthiques et de la demande croissante de la société pour une meilleure prise en compte du bien-être des animaux.