Les capsules des bouteilles en verre contaminent les boissons avec des microplastiques

Sécurité des aliments - Actualité Scientifique - Publiée le dimanche 20 juillet 2025

l y a des microplastiques dans toutes les boissons mais celles dans des bouteilles en verre en contiennent plus que dans des bouteilles en plastique, des briques ou des canettes. C’est étonnamment ce que révèle une étude menée par l’unité à Boulogne-sur-Mer du Laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses. L’hypothèse investiguée par les scientifiques est que ces particules de plastiques viennent des peintures des capsules des bouteilles. L’eau et le vin sont moins concernés que les autres boissons. Ces résultats permettent d’identifier une source de présence de microplastiques dans les boissons contre laquelle les industriels peuvent facilement prendre des mesures. 

Eau, soda, thé glacé, vin ou bière : l’objectif de l’étude menée par l’Anses était de connaître le niveau de contamination de ces boissons par les microplastiques et l’impact de leur contenant sur ce niveau. Pour la plupart d’entre elles, la quantité de microplastiques s’est révélée plus importante dans les bouteilles en verre que dans les autres contenants. Ainsi, le nombre moyen de microplastiques dans les bouteilles en verre de colas, limonades, thés glacés ou bières est d’une centaine de particules de plastique par litre. Il est 5 à 50 fois moindre dans les bouteilles en plastique ou les canettes.

"Nous nous attendions à un résultat inverse lorsque nous avons comparé la quantité de microplastiques dans différentes boissons vendues en France", explique Iseline Chaïb, doctorante dans l’unité Sécurité sanitaire des aliments d’origine aquatique (SANAQUA, site de Boulogne-sur-Mer), qui a mené l’étude au sein du Laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses. En l’absence de données toxicologiques de référence, il n’est pas possible de dire si les quantités de microplastiques trouvées présentent ou non un risque pour la santé. La thèse a été co-financée par la région Hauts-de-France et l’Anses. Le projet a également reçu un soutien par le Contrat de plan État-région IDEAL et par l’Agence nationale de la recherche (École Universitaire de Recherche IFSEA).

Dans le cas spécifique de l’eau, la quantité de microplastiques est relativement faible quel que soit son contenant, avec en moyenne 4,5 particules par litre dans les bouteilles en verre et 1,6 particule dans les bouteilles en plastiques ou les briques. Le vin contient également peu de microplastiques, y compris dans les bouteilles en verre avec bouchon. L’origine de ces variabilités de la quantité de microplastiques dans les boissons reste à explorer, sauf pour celles qui sont contenues dans des bouteilles en verre capsulées.

La peinture des capsules à l’origine des particules de plastique dans les boissons

Les scientifiques se sont penchés sur l’origine des microplastiques retrouvés dans les boissons conditionnées dans des bouteilles en verre capsulées. Étant donné leurs caractéristiques, ils ont conclu que ces particules proviennent probablement des capsules métalliques, et plus précisément de la peinture les recouvrant. Premier indice : les microplastiques retrouvés dans les boissons sont majoritairement de la même couleur et de la même composition que la peinture des capsules. Second indice : la peinture de ces capsules comporte des mini-éraflures, invisibles à l’œil nu, probablement dues aux frottements entre les capsules lorsqu’elles sont stockées avant leur utilisation. Ces frottements, libérant des particules à la surface des capsules, seraient à l’origine des microplastiques retrouvés.

Nettoyer les capsules avant la fermeture des bouteilles pour diminuer le nombre de microplastiques

Pour confirmer la voie de contamination des boissons dans des bouteilles de verre et explorer la possibilité de réduire les quantités de microplastiques, le laboratoire a testé l’effet d’opérations de nettoyage. « Nous avons étudié trois scénarios, explique la doctorante. Nous avons nettoyé les bouteilles et les avons remplies d’eau filtrée pour qu’il ne reste aucun microplastique détectable, puis nous avons encapsulé les bouteilles soit sans aucun traitement de la capsule, soit après avoir soufflé sur la capsule à l’aide d’une bonbonne d’air, soit après avoir soufflé de l’air puis rincé les capsules avec de l’eau filtrée et de l’alcool. »

Résultat : alors que 287 particules par litre sont retrouvées en moyenne dans l’eau des bouteilles fermées avec des capsules non nettoyées, ce nombre diminue significativement en soufflant sur les capsules avant l'encapsulation, pour atteindre 106 particules par litre. Il baisse encore à 87 particules avec le soufflage suivi du rinçage.

Pour éviter la libération de particules de plastiques dans les boissons contenues dans les bouteilles encapsulées, les industriels pourraient aussi étudier d’autres pistes, comme changer les conditions de stockage des capsules avant leur utilisation pour éviter les frottements ou modifier la composition des peintures des capsules.