Ciguatera aux Antilles françaises : renforcer l’information sur les espèces de poissons pouvant causer cette intoxication

Sécurité des aliments - Actualité Scientifique - Publiée le vendredi 11 juillet 2025

La ciguatera est une intoxication alimentaire due à la consommation de poissons tropicaux contaminés par des toxines marines : les ciguatoxines. Elle est responsable de troubles digestifs, cutanés, cardio-vasculaires et neurologiques pouvant parfois persister plusieurs semaines voire mois. Les démangeaisons observées en cas de ciguatera ont conduit à dénommer « gratte » cette intoxication. Afin de renforcer la prévention, l’Anses a dressé une liste de plus d’une soixantaine d’espèces de poissons à risque de ciguatera dans les Antilles françaises.  

Les ciguatoxines à l’origine de la ciguatera résistent à la cuisson et à la congélation et n'altèrent pas le goût du poisson. Elles sont produites par des algues microscopiques présentes dans les récifs coralliens. Ces toxines sont ingérées par des petits poissons herbivores, eux-mêmes ingérés par des poissons carnivores (carangues, mérous, murènes, barracudas, etc.), et s’accumulent dans leur organisme. Elles peuvent également se trouver dans des mollusques marins.

Comment savoir si je suis atteint d’une ciguatera ?

Les premiers signes d’intoxication sont le plus souvent digestifs : douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées… Ils se manifestent quelques minutes à quelques heures après l'ingestion du poisson contaminé. Ils sont rapidement suivis de troubles neurologiques qui peuvent perdurer plusieurs semaines :  fourmillements, démangeaisons (d’où le nom de « gratte ») au niveau des mains, des pieds et du visage, inversion de la sensation de chaud et de froid, douleurs musculaires et sueurs abondantes. Un ralentissement du rythme cardiaque et une baisse de la pression artérielle peuvent aussi survenir et durer trois ou quatre jours. 

Un total de 67 espèces de poissons à risque de ciguatera dans les Antilles françaises

Les poissons contaminés par des ciguatoxines sont essentiellement observés dans les eaux tropicales et subtropicales du monde. Les territoires français d’outre-mer sont touchés, en particulier les îles de Guadeloupe et de la Martinique aux Antilles françaises, la Nouvelle Calédonie et la Polynésie française.

La Direction générale de l’alimentation (DGAL), en lien avec le Laboratoire national de référence « Biotoxines marines » de l’Anses, a recensé les cas de ciguatera survenus dans les Antilles françaises entre 2002 et 2021. Des échantillons de poissons ont été prélevés pour la recherche des ciguatoxines.

Ces échantillons ont également été analysés par le laboratoire du Service commun des laboratoires (SCL) de Marseille, pour identifier - par analyse ADN - l'espèce de poisson impliquée dans l’intoxication. Les données ainsi collectées ont été confiées à l’Anses afin de déterminer les espèces à risque de ciguatera dans les Antilles françaises.

Le travail d’expertise réalisé à partir de l’analyse des échantillons de poissons associés à des intoxications humaines, complétée par des données de la littérature scientifique, a conduit à établir une liste de 67 espèces de poissons à risque de ciguatera dans les Antilles françaises. Ces espèces appartiennent principalement aux familles de poissons mérous, carangues ou sérioles, vivaneaux.