Nanomatériaux dans l’alimentation : première application de la méthodologie d'évaluation des risques de l’Anses

Sécurité des aliments - Actualité Scientifique - Publiée le mercredi 14 décembre 2022

Les méthodologies traditionnelles ne sont pas toujours adéquates afin d’évaluer l’ensemble des risques potentiels pour la santé des consommateurs des nanomatériaux utilisés dans les aliments. En 2021, l’Anses a proposé une méthode d'évaluation des risques dite « nanospécifique » et l’a testée sur l’additif E171 ou dioxyde de titane, qui correspond au nanomatériau le plus étudié. Depuis août 2022, son usage dans l’alimentation est interdit en Europe. 

Les nanomatériaux sont aujourd’hui utilisés dans de nombreux aliments afin d’améliorer l’aspect, l’apparence, ou encore, pour faciliter l’absorption de certains nutriments. De par leurs propriétés, ils sont en mesure de se diffuser dans l’organisme et de s’accumuler dans certains organes prenant la forme de particules nanométriques. Une approche est donc nécessaire afin d’évaluer l’ensemble des risques sanitaires associés à leur ingestion. Un guide de l’Anses a été publié concernant l’évaluation des risques. 

Les nanomatériaux utilisés comme additifs alimentaires étaient précédemment évalués selon des méthodologies standards. Cependant, elles ne prenaient pas en compte les particularités de l’échelle nanométrique. En effet, si elles ne sont pas dissoutes dans le système digestif, les nanoparticules présentent des propriétés et des comportements dans l’organisme différents de ceux observés avec des substances conventionnelles.

Premier test d'application sur l'additif alimentaire E171 

La méthodologie établie en 2021 vient d’être testée sur l’additif alimentaire E171 ou dioxyde de titane (TIO2). Ce test confirme la pertinence de la méthodologie de l’Anses et le besoin d’une approche nanospécifique. Il a permis d’identifier plusieurs effets potentiels sur la santé.

L’Anses réitère ainsi sa recommandation de limiter l’exposition des travailleurs et des consommateurs aux nanomatériaux tant que leur innocuité n’a pu être démontrée. Elle précise même qu'il est important d’éviter la dispersion de ces particules dans l’environnement. 

L’Agence va travailler avec ses homologues, notamment l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), pour faire progresser les méthodologies d’évaluation du risque et harmoniser les protocoles de tests relatifs à la caractérisation physico-chimique et à la toxicologie des nanomatériaux.